Fort de ces onze restaurants et de ses centaines de salariés, Stéphane Lelièvre a dû se résoudre, comme tous ses confrères restaurateurs a fermer ses restaurants le 14 mars à minuit. Il a gérer extrêmement rapidement cette situation : « C’était plutôt soudain et précipité ». Il a tenu à ce qu’une majorité de ses salariés qui travaillaient avant la crise 39 heures par semaine, puissent avoir accès à un chômage payés 39 et non 35 heures comme un salarié d’autres branches professionnelles. Il remercie d’ailleurs, les syndicats professionnels de l’Umih et du Gni d’être montés au créneau pour garantir un chômage décent aux employés de la restauration.
Quant aux salariés ayant des contrats à 42, 45 heures par semaine, les chefs de service, Premier maître d’hôtel, chefs de cuisine, directeurs « Je ne pouvais pas les mettre au chômage, ils auraient perdu trop de rémunération ». Pour garder, ses « plus gros salaires » il a eu l’idée de créer la vente à emporter dans ses établissements de trois villes de l’agglomération Toulon Provence Méditerranée, Toulon, Hyères et la Seyne. Récemment, il a agrégé aussi un service livraison grâce à des accords signés avec Uber Eat, Deliveroo et Just Eat.
Ce « nouveau » métier de Stéphane Lelièvre lui permet de garder les 17 salaires intacts et les garder salariés.
Même s’il perd 1 million deux-cent-mille euros par mois, il n’est pas inquiet outre mesure. Prêt de trésorerie, suspension de toutes les échéances de crédits professionnels pour une durée de six mois, lui permettront de passer cette crise et de tenir jusqu’en juin. Cependant, en bon gestionnaire, il reste prudent : « Après ce sont des prêts, il faudra les rembourser ».
Malgré tout, il est très inquiet pour tous ses « amis restaurateurs et collègues restaurateurs dont je suis extrêmement solidaire,…. Pour la plupart d’entre eux ils ont de toutes petites entreprises, j’ai peur que les banquiers ne les considèrent pas suffisamment ». Il ne manque de soulever le problème de l’argent non déclaré chez certains restaurateurs. Ces sommes occultes, ne sont pas prises en compte lors d’une demande de crédit de trésorerie : « Le gros problème qui se pose, ce sont tous les commerçants qui ne déclarent pas la totalité de leur chiffre d’affaires. Le gros problème il est là, parce que le « black » n’ouvre le droit à rien » Ils n’ont pas la bonne note Banque de France pour rentrer dans les critères du PGE. Le dispositif de Prêt Garanti par l’État permet aux entreprises de demander une garantie par l’État sur leur prêt : « ll faudrait créer une règle pour prendre en compte 130 à 150% du chiffre d’affaires pour ces toutes petites entreprises,…l’Etat devrait dire que toutes les boites qui font moins de 300.000 euros devraient être noter 5+, voire 6 (La cotation de la Banque de France est une appréciation sur la capacité d’une entreprise à honorer ses engagements financiers à un horizon de un à trois ans. NDLR), cela leur permettraient d’accéder au crédit garanti par l’état, en ces temps de crise exceptionnelle.
Il conclut cet entretien par le « Restez chez vous » si important de nos jours et si contraire à son activité de restaurateur.
Toulon le mercredi 8 avril Coronavirus Var INFO83