Van Rogger « ARLEQUIN »
Du 13 décembre 2013 au 13 mars 2014 – Du mardi au samedi de 10h à 19h
Galerie des Riaux, 30-32 rue des Riaux – 83000 Toulon.
À l’occasion du vernissage de l’exposition le vendredi 13 décembre 2013 à 18h30 la Galerie des Riaux sera heureuse de vous accueillir pour vous présenter cet aspect original dans l’oeuvre de Roger van Rogger.
présentation animée par Alain Andreucci & François Turner
La Galerie des Riaux est une association dont l’ambition est d’une part de présenter des œuvres du peintre Roger VAN ROGGER (1914-1983) et d’autre part d’exposer des œuvres contemporaines soucieuses de poursuivre cette même aventure de la peinture.
‘Arlequin, dont l’origine reste douteuse, est resté longtemps un personnage de théâtre. C’est ce personnage de la Commedia dell’Arte, pitre habile et ambigu dans son bariolage, que Watteau, suite au succès du Théâtre Italien à Paris, prit plaisir à représenter. Mais au XIXème siècle, les peintres le firent passer dans leurs tableaux en toute autonomie, hors des références habituelles au théâtre. Le premier qui lui donna un sens symbolique, lié à la représentation de l’artiste moderne, fut certainement Cézanne. C’est dans cette filiation que Van Rogger, en situation de crise et s’interrogeant sur ses options esthétiques, se lance à son tour, en mars 1969, dans une série de portraits d’Arlequin. Pour finir par être libéré de ses doutes et trouver la confirmation, à travers ces exercices de peinture figurative, que sa ‘nécessité intérieure’ le conduisait bien, irréductiblement, à l’abstraction. Nous reste, néanmoins, une quarantaine d’Arlequins d’une rare puissance suggestive et d’une exceptionnelle virtuosité technique.’
Lionel RICHARD. Extrait de ‘Roger Van Rogger dans les ombres d’Arlequin’ (Editions de Vallongues)
Catalogue disponible à la Galerie des Riaux
GALERIE DES RIAUX – 06 62 98 64 08 – galeriedesriaux@free.fr – facebook.com/galeriedesriaux
ROGER VAN ROGGER (1914-1983)
On ne peut parler du peintre sans parler de l’homme. Cette unité est peut-être ce qui caractérise et explique le mieux son œuvre et sa vie. La vie de l’homme-peintre Van Rogger, quelque passionnante qu’elle puisse être, ne débouche sur aucune carrière de peintre, pas plus que celle de l’homme peintre Van Gogh, par exemple. Dans le souci, malgré tout, de faire comme il convient, voici quelques étapes de ce qu’il appelait sa longue ‘montée vers le bas’ (Simone Weil).
Il est né à Anvers en Belgique en 1914. Dès ses sept ans il fréquente les églises et les musées anversois et belges, admirant les grands maîtres flamands de toutes époques, notamment Jan van Eyck, Rogier van der Weyden, Gérard David, Rubens… Très tôt, sa vocation de peintre est formée. Il fréquente l’atelier de James Ensor et, dès 1927, présente sa première exposition à Gand.
C’est pourtant vers la poésie qu’il se tourne d’abord : à quatorze ans, il fait partie du cercle poétique dirigé par Marie Gevers, et publie une première plaquette de poésie, La Vache creuse (1929). Il lit Jack London (Martin Eden) comme la revue dadaïste Ça ira, et découvre Marcel Proust, Joseph Conrad et Herman Melville. Lors de ses dix-huit ans, sa famille refusant de le laisser étudier la peinture, il la quitte pour ne plus jamais la revoir. Il s’installe à Latem, sorte de Barbizon flamand, et expose à Gand. Il quitte vite le milieu artistique qu’il juge trop refermé sur soi pour le contact direct avec le monde.
Sans entrer dans les détails d’une vie très mouvementée de 1940 à 1945 qui le voit successivement prisonnier, évadé, métayer de Giono, résistant auprès de René Char et, finalement, réfugié au Brésil. Nous le trouvons en 1946 exposant à Rio de Janeiro et au musée d’art moderne de Sao Paulo. Il expose notamment à New York, aux côtés de Picasso, Jackson Pollock, etc. Le Museum of Modern Art de New York lui achète même une Descente de Croix. Il rencontre à cette époque les peintres Kaminagai, Vieira da Silva, Arpad Szenes, Wilhelm Wœller ou encore le sculpteur Augusto Zamoisky. Mais sa vie quotidienne à Rio de Janeiro est matériellement difficile. La guerre finie, il veut rentrer en Europe. En 1950, il regagne la France.
À son retour en France, Van Rogger retrouve René Char. Celui-ci l’invite dans sa résidence de L’Isle-sur-la-Sorgue, et ils y constatent leurs affinités de poètes. Il tente au même moment de percer à Paris, s’installe dans un atelier. Là, il rencontre Catherine Savard, une jeune étudiante à Sciences Politiques qui deviendra sa femme après avoir tout quitté pour le suivre.
Van Rogger et Char se brouillent irrémédiablement. Catherine enceinte, il devient impératif pour le peintre de trouver un logement, même précaire. Finalement, ils acquièrent un terrain et une petite maison, sur la colline de Vallongues, à Bandol (Var), pour très peu d’argent, qui deviendra par la suite la « Fondation Van Rogger ».
Pendant ces trente années, il n’a cessé d’entreprendre des démarches pour pouvoir montrer son travail, que ce soit auprès des galeries, du Ministère de la Culture ou de différents conservateurs. Il retourne avec des toiles à Paris en 1957, 1959, 1963, 1965, 1966, 1971, 1979, 1980, mais en vain… L’indifférence est si totale qu’on ne se dérange même pas pour les voir. En 1963, il a une toile au Salon Comparaison et en 1968 une au Salon de Mai. En 1967 un incendie de forêt détruit son atelier. A la suite de ce drame, une exposition est organisée à la Mairie de la Seyne-sur-Mer dans le Var.
Là se borne sa carrière de peintre.
Pourtant, importante est l’évolution de son travail. Jusqu’en 1960, il pousse la figuration à son point ultime de non-retour et peint de grands paysages au chromatisme subtil où la lumière se fait espace, des natures mortes où l’objet vit de sa poésie propre. N’ayant plus les moyens d’acheter ses couleurs, il crée sa matière, broyant huile et pigments. Peu à peu, de 1960 à 1963, il s’enfonce dans le monde clos de la peinture, à la fois vie et transcendance où le sujet s’efface et où le peintre peint la peinture en tant qu’expression et réponse au pourquoi fondamental de l’homme. Son unique but dans sa création comme dans sa vie est d’atteindre et de faire partager la réalité poétique du monde, toujours insaisissable et pourtant plus réelle que lui-même.
C’est à cette période que Van Rogger se tourne définitivement vers « l’attitude spirituelle » qu’il décrivait quelques années plus tôt. Volontairement et involontairement « ascète », il se tourne vers l’art abstrait, et donne corps à une prolixe production de poésies. Loin du monde, le couple survit difficilement. Mais le peintre est peintre avant tout, et il passe ses journées à l’atelier. Une admiratrice et amie américaine lui achète régulièrement des toiles, pour leur éviter de sombrer dans la plus noire misère.
Conforté par son inexistence sociale, le sentiment de son existence propre s’efface tandis que les impératifs de cette quête s’affirment. Chaque toile, à la fois matière et esprit, pesanteur et grâce, acquiert une densité spirituelle palpable, hors du temps et de l’espace dans cette réalité compacte qui abolit la durée. Peinture difficile peut-être, mais d’une richesse toujours renouvelée.
Figuration, abstraction, était pour lui un faux débat. La valeur artistique d’une œuvre est son abstraction, depuis que l’art existe. C’est pourquoi il mettait en garde les jeunes peintres qui voulaient ‘faire de l’abstrait’ sans passer par la connaissance figurative de la vie et de la peinture.
Petit à petit le lieu de sa vie se transforme. Pour mettre ses toiles il lui faut bâtir des salles sans fenêtres qui sont des remises où les tableaux s’entassent années après années. Sur les murs extérieurs des fresques. Le travail du fer, du bois du béton devient sous ses mains statues et sculptures. Un univers poétique se crée qui n’a d’autre raison d’être que la raison de faire et l’absolu de l’être.
Le peintre meurt en mai 1983, laissant derrière lui des milliers de toiles et de gouaches, des centaines de dessins, des centaines de poèmes.
Expositions
• 1984 Université de Toulouse-le-Mirail. Fourques (Bouches-du-Rhône).
Centre culturel de Thonon-les-Bains (Haute Savoie).
• 1985 Musée de Toulon.
• 1989 Centre d’Art Contemporain de Lacoux. Salle du Septier à Salon.
• 1995 Médiathèque de Tarbes.
• 1997 Château de Ripaille, Lyon (exposition collective).
• 1998 Parcours d’artistes, Bruxelles (exposition collective).
• 1999 Les retranchements de l’absolu: dessins, gouaches, peintures abstraites, Musée et Université de Pau. Espace Durell, Sommières Les étés de Lacoux 1972-1998 (exposition collective), Centre d’Art Contemporain, Lacoux
• 2000 Mystique et abstraction, Maison des Arts, Châtillon. Le puisatier du dedans, Espace Saint Jean, Melun.
• 2001 Gouaches tantriques, Librairie Ombre Blanche, Toulouse
• 2003 Peintre et poète, Exposition et colloque, IUFM de Franche-Comté, Besançon.
• 2005 Exposition d’oeuvres sur papier au centre culturel Ravaisou, Bandol
• 2006 Exposition dans la salle Royale de l’Eglise de La Madeleine, Paris
• 2008 Exposition à la Librairie La Nerthe, Toulon
• 2008 Exposition à l’Hôtel des Arts de Toulon
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