Le 11 Mai à Carnoules, la compagnie ‘ l’île théâtre ‘ propose une représentation du Malentendu. Comédie policière écrite par Albert Camus et mise en scène par Daniel Mesini : « Invitez Camus à votre table » tel est le concept pour le moins inattendu, qui allie l’art théâtral et l’art culinaire. Les spectateurs assistent donc à cette pièce tout en dégustant un savoureux repas.
L’histoire, basée sur un fait réel datant de 1935 s’est déroulée en Yougoslavie. Elle raconte les péripéties d’un jeune homme, Jan, à qui tout réussi.Il décide subitement après des années d’exil de retrouver sa mère et sa sœur. Toutes deux tiennent une auberge misérable qui est le refuge de bien des mystères. Mais la maladresse et l’absurdité de la démarche de Jan lui dictent de ne pas révéler expressément son identité. Dès lors, le jeune homme, accompagné de son épouse, s’enlise dans le mensonge et les non-dits. Un jeu stupide qui le mènera à sa perte !
Rencontre avec le metteur en scène Daniel Mesini.
Q : Allier l’art et la gastronomie est un concept surprenant. Comment vous est venue cette idée de mêler les ‘ mets ‘ et les mots ?
D.M : L’idée de base est très simple. Quand j’ai commencé à travailler sur la pièce, on s’est posé la question de la scénographie, du décor. Et comme Albert Camus situe l’action dans une auberge, je me suis dit qu’il était absurde – bien qu’avec Camus l’absurde soit un thème majeur – de faire reconstruire par un atelier de décors une auberge sur une scène de théâtre. Finalement, ne serait-ce pas plus simple et plus intéressant de performer directement dans une auberge ? C’est ainsi qu’avec l’agence Déclick (qui s’occupe de la promotion et de la communication du spectacle), nous avons décidé de travailler avec des auberges qui nous fourniront des décors hyperréalistes de la pièce.
C’est un challenge passionnant. Nous avons fait une répétition publique il y a quelques jours. Une soixantaine de personnes étaient présentes, on a pu tester notre parti pris, et nous avons pu constater que le public a réagit d’une façon absolument extraordinaire.
Q : Pourquoi avoir choisit « le malentendu » d’Albert Camus ?
D.M : J’ai vu mon père pleurer une fois dans ma vie : quand il a apprit la mort d’Albert Camus. J’ai été très marqué par cela. Il faut savoir que Camus, dans les années 1950-1960 était une figure emblématique. Il a cette part d’humanité qui m’intéresse. De plus, l’opportunité – bien que je ne sois pas un opportuniste- a fait que cette année, nous célébrons le centenaire de la naissance de Camus. Et à cette occasion, j’avais envie de mettre un coup de projecteur sur ce géant de la littérature française.
Q : Le fait de faire interagir le public rend t-il le travail des acteurs plus difficile ?
D.M : Oui, c’est possible. L’acteur doit intégrer le spectateur comme un partenaire possible. Il doit jouer avec lui, et les convives changent à chaque représentation, ce qui n’est pas chose aisée pour le comédien ! Ce sont des partenaires qu’il ne connaît pas à l’avance. Là est le nerf de cette performance : considérer que le public est spéctateur-acteur, et de le découvrir au dernier moment. Comme dans la pièce, où l’hôtelier découvre un client envers lequel il éprouve des envies meurtrières. Tout le sel de cette performance réside dans ce propos.
Q : Qu’en est-il du travail du metteur en scène ? Est-il plus difficile de diriger une pièce interactive comme celle-ci ?
D.M : Non ce n’est pas plus difficile. Je trouve qu’il est plus compliqué de travailler sur une pièce comme celle-ci en tant qu’acteur, pas en tant que metteur en scène. Je tiens moi-même un rôle dans la pièce, celui du vieux domestique. C’est un rôle essentiel mais peu développé par Camus. Et jouer avec le spectateur s’avère moins aisé. Le metteur en scène rédige sa mise en scène, la dicte aux acteurs, c’est comme une pièce de théâtre avec une vraie scène, ça ne change pas. Quand je demande à ce qu’un homme ou une femme dans le public devienne acteur ou actrice, c’est écrit sur la mise en scène. L’acteur, lui, doit se débrouiller avec ça. C’est pourquoi nous considérons cette représentation comme une performance et non pas comme une représentation théâtrale classique.
Rendez-vous le Samedi 11 mai à 20h à l’Auberge de la Tuilière, Carnoules.
‘Le Malentendu’, par la compagnie l’Ile théatre
mise en Scène : Daniel Mesini
Distribution : Marie Coesens, Antoine Coesens, Pascal Joumier, Chantal Mesini.
Propos recueillis par Charlotte Zuber – le 30 avril 2013