Au lendemain du forum mondial de leau à Marseille sur laccès à la ressource aquatique et à la veille de la journée mondiale de leau, lUFC Que Choisir rend publique aujourdhui une analyse préoccupante de la qualité de leau du robinet distribuée en France (1).
Si 97,5 % des Français ont accès tout au long de lannée à une eau de bonne qualité, en revanche près de deux millions de consommateurs paient, eux, pour une eau non conforme aux critères règlementaires ! Le cocktail des principaux polluants décelés (pesticides, nitrates, sélénium) met en évidence les graves menaces que la pression agricole fait peser sur la ressource.
Les pesticides et les nitrates inondent les cultures
mais aussi leau du robinet
Plus dun million de consommateurs reçoivent une eau contaminée en pesticides, en nitrates et en sélénium. Les départements les plus touchés se retrouvent dans les zones où lagriculture est la plus intensive : Bassin Parisien (Eure-et-Loir, Loiret, Seine-et-Marne, Yonne) ; le Nord et la Champagne (Pas-de-Calais, Marne, Aube).
Lagriculture : un pollueur récidiviste :
Loin dêtre ponctuel, le problème de la pollution dorigine agricole est structurel. Lutilisation des pesticides na pas diminué en 10 ans. Lexplication tient au fait que le principe pollueur payeur est inversé ! Alors que lagriculture est à lorigine de la pollution en nitrates et pesticides respectivement pour 74% et 90%, ce sont les consommateurs qui supportent, via la redevance pollution, lessentiel (près de 90%) de la facture ! Au final, les pollutions agricoles génèrent sur la facture deau des dépenses supplémentaires annuelles au minimum comprises entre 640 et 1 140 millions deuros, soit de 7% à 12% de la facture deau des ménages français (2).
Traitement de leau et contamination naturelle : des défauts de réglage à la marge
Les contaminations liées au défaut de traitement (qualité bactériologique, aluminium) et aux contaminations naturelles (radioactivité) sont nettement moins marquées. Si elles ne représentent que 31 % de la pollution de leau, elles touchent néanmoins 1500 communes et 500.000 consommateurs. Les associations locales de lUFC-Que Choisir, situées dans ces secteurs, sont donc intervenues auprès des maires des communes concernées pour leur demander de prendre sans délai des mesures dinformation des consommateurs et de traitement des non-conformités.
Lenjeu dune eau de qualité est primordial, tant du point de vue du pouvoir dachat, que de lenvironnement. Il faut en effet rappeler que, comparée à leau en bouteille, leau du robinet remporte le match haut la main. Elle est ainsi à qualité équivalente jusquà 130 fois moins chère que sa rivale en bouteille plastique et contribue près de mille fois moins à leffet de serre ! (3)
LUFC-Que Choisir ne peut plus tolérer le recours aux mesures palliatives où leau polluée est diluée avec de leau conforme, ni encourager la fuite en avant consistant à percer toujours plus de captages. Afin que les pollutions agricoles soient stoppées à la source, lUFC-Que Choisir demande aux pouvoirs publics nationaux et européens:
– Une protection efficace de tous les captages,
– Une application du principe constitutionnel pollueur-payeur dans le domaine des pollutions agricoles pour dissuader les pratiques agricoles polluantes,
– Que les aides de la Politique Agricole Commune (PAC) soient réservées aux modes de production sinspirant des principes des agricultures intégrée et biologique.
En tout état de cause, décidée à informer les consommateurs sur la qualité de leur eau du robinet et les bons réflexes en matière deau potable, lassociation a mis à disposition sur son site http://www.quechoisir.org les résultats, commune par commune, de ses relevés.
(1) Relevé effectué par lUFC-Que Choisir des analyses deau potable au niveau des communes pour six paramètres : pesticides (quantité totale de pesticides, atrazine et ses métabolites), nitrates, sélénium, qualité bactériologique (bactéries coliformes), radioactivité et aluminium Source site Internet du Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé.
(2) Commissariat général au Développement durable « Coûts des principales pollutions agricoles de leau», sept. 2011
(3) Etude SSIGE Dr N. JUNGBLUTH (Esu-Services) 2006.
Source : UFC Que choisir.
INFO83.com – vendredi 23 mars