Mathieu Bastareaud est un joueur évoluant en tant que trois-quarts centre. D’une corpulence impressionnante (1m83 pour 120 kg). Mathieu Bastareaud est né à Créteil, le 17 septembre 1988, et a évolué dans le club de sa ville le Rugby Créteil-Choisy de 1993 à 2003. Entre 2003 et 2007, il joue pour le RC Massy avant de signer au Stade Français pendant 4 ans (de 2007 à 2011). Depuis 2011, il joue au Rugby Club Toulonnais avec qui il remporte la coupe de H-cup. Depuis 2009, Mathieu Bastareaud porte le maillot tricolore du XV de France une quinzaine de fois et rejoindra l’équipe de Philippe Saint André pour la tournée estivale en Nouvelle-Zélande après la finale du Top 14 contre Castres.
Q : Comment qualifiez vous l’ambiance qui règne au sein du groupe depuis ces dernières semaines ?
Mathieu Bastareaud : Je pense que le groupe est quelque peu euphorique, excité de ce qui lui arrive. Si on nous avait dit qu’en début saison ça se passerait comme ça, très peu de personne y aurait cru. Nous savons que l’on est à 80 minutes de quelque chose de grandiose. On a hâte d’y être.
Q : Diriez vous qu’il s’agit d’une de vos meilleures saisons que vous effectuez ?
M.B. : Je me sens très bien, je prends beaucoup de plaisir, je m’amuse, je bosse très dur et c’est plaisant de voir qu’il y a des résultats.
Q : Est ce qu’il y a des interrogations sur votre capacité à enchainer un troisième match ?
M.B. : Non. Quand on dispute un match comme ça on ne se demande pas si on est blessé ou fatigué. Il faut tout donner parce que on n’est pas sûr de revivre tout ça. L’équipe peut réaliser quelque chose de beau.
Q : Après votre victoire face à Clermont (16 à 15), vous êtes restés à Dublin. Aujourd‘hui, un entrainement en public a été annulé, c’est pour éviter la pression ?
M.B. : Il y a de la pression, beaucoup d’attente. Nous sommes dans une position de favori, et il faut l’assumer. Le staff essaye de nous protéger, la pression à Toulon est décuplée.
Q : on récupère toujours mieux quand on gagne. Comment vous sentiez vous au moment d’affronter Toulouse ?
M.B. : Tout d’abord cela fait plaisir de battre Toulouse. Et avant le match, l’équipe se posait beaucoup de questions sur le fait de tenir le rythme qu’ils allaient imposer sur les vingt premières minutes. Mais on a réussi à tenir.
Q : Et contre Castres ?
M. B. : Ca sera un nouveau match une nouvelle équipe, un contexte différent. On est dans l’inconnu, peu de personne s’attendait à ce que Castres passe. Nous devons respecter les joueurs parce que si le Castres Olympique est arrivé jusqu’ici ce n’est pas pour rien. Les saisons précédentes, les joueurs Castrais ont souvent échoué aux barrages des demi-finales. Et cette fois ils ont montré de quoi ils étaient capables face à Clermont. Et Toulon doit s’attendre à une grosse opposition, samedi soir.
Q : Que vous inspire le Castres Olympique ?
M.B. : Castres est une équipe très forte. Difficile à faire tomber. Contre Clermont, les Castrais ont été très bon sur les fondamentaux : en touche, en mêlée. Les joueurs sont très bons comme Iosefa Tekori, Rodrigo Capo Ortega (deuxième ligne). Et à l’arrière il y a la paire Seremaia Baïkeinuku et Romain Cabannes ( trois-quarts centres)
Q : Que représente pour vous le bouclier du Brennus par rapport à la H Cup ?
M.B. : Le Brennus c’est un rêve de gosse. J’ai vu les plus grands joueurs soulever ce bouclier. On a toujours envie d’être à la place de ces joueurs. J’ai la chance de pouvoir le faire. L’année dernière ce n’était pas passé loin (Toulon s’était incliné en finale face à Toulouse, 18-12). On peut dire que j’y pense fortement depuis quelques semaines.
Q : Que pouvez nous dire sur Delon Armitage ?
M.B. : C’est un beau mec (rires). Et malgré tout ce que j’ai pu lire et entendre c’est quelqu’un de très généreux. Je m’entends très bien avec lui et son frère. Après le match contre Clermont, ça a été compliqué pour lui. Il a été critiqué par rapport à son geste qui était regrettable. Delon n’aurait pas dû le faire. Il a répondu par la plus belle des manières contre Toulouse. Mais on en rigolait dans les vestiaires après la victoire contre Toulouse, avant ça a été moi et maintenant je passe le flambeau à Delon en ce qui concerne les sifflets.
Q : Et sur le capitaine Jonny Wilkinson (demi d’ouverture) ?
M.B. : Je pense que sa prolongation de contrat l’a libéré d’un poids. Il devait se poser beaucoup de question, s’il avait encore les capacités à jouer. Mais il montre de quoi il est capable tous les jours à l’entrainement et les week-ends sur le terrain. Un homme de cette trempe, s’il était possible de le faire jouer pendant dix, quinze ans ça serait super.
Q : C’est lui qui dit quand il faut s’entrainer ?
M.B. : Bien sûr. Il a l’expérience, il a l’aura et le respect de tous les joueurs. Quand il dit de s’entraîner, l’équipe se tait et s’y met. Jonny c’est le patron sur le terrain.
Q : Et Bernard Laporte ?
M.B. : C’est le grand patron (rires). Il a apporté toute son expérience, ses huit ans en équipe de France, les demi-finales de coupe du monde, des grands chelems. Et au niveau de la pression à gérer, par rapport à tout l’engouement, il a réussi à nous mettre dans une bulle surtout cette saison et après la coupe d’Europe. Il met tout le monde devant ses responsabilités et c’est un entraineur que l’on ne veut pas décevoir.
Q : Vous disiez tout à l’heure que vous étiez favoris, est ce agréable d’être dans la peau d’un favori ?
M.B. : Je ne sais pas si c’est agréable mais c’est un statut à assumer. Autant lors de la finale de H-Cup, on n’était pas les favoris, la pression était plutôt sur les épaules de l’ASM Clermont Auvergne. Sur la fin de saison, c’est vrai que l’on a un statut de favori. Mais nous sommes des grands garçons, nous avons beaucoup d’expérience pour gérer ça et je ne me fais pas trop de soucis.
Rédaction : Alexis Luccisano