Nos animaux ont des droits : une décision historique fait évoluer leur droit en 2024
Notre invitée sur Info 83, Maitre Séverine Dauzon, avocate au Barreau de Toulon avec une spécialisation en droit des animaux. Maitre Séverine Dauzon met en lumière les défis actuels du système judiciaire sur le droit animal et une avancée majeure dans le domaine du droit des animaux en France.
Une décision judiciaire du 11 janvier 2024, émise par le tribunal correctionnel de Lille, marque un tournant historique en reconnaissant et indemnisant le préjudice animalier. Cette démarche inédite attribue une indemnisation directement à l’animal, plutôt qu’à une association ou un tiers, soulignant la reconnaissance du préjudice subi par l’animal lui-même.
Dans cette avancée révolutionnaire pour le droit des animaux en France, cette décision pionnière a permis d’indemniser directement un animal, en l’occurrence une chatte « Lanna » décédée des suites de maltraitances. Cette décision judicaire reconnait ainsi le préjudice subi par l’animal lui-même et non à travers des tiers ou des associations.
Cette reconnaissance du préjudice animalier comme un droit à part entière pour l’animal est une première en France. Elle marque une étape importante dans l’évolution du statut juridique des animaux, reconnaissant leur souffrance et leur conférant un statut de victime. Cette décision reflète un changement dans la manière dont la loi perçoit et traite la sensibilité animale, tout en restant consciente que les animaux sont toujours classés comme des biens meubles dans le code civil.
Vers une protection renforcée du droit animal et la reconnaissance de la sensibilité animale en France
Bien qu’il n’existe pas de code pénal spécifique pour les animaux, les questions relatives au droit des animaux sont principalement traitées dans le cadre du droit pénal, devant le tribunal correctionnel ou le tribunal de police. De plus, le code civil contient également des dispositions qui sanctionnent la maltraitance animale.
Le Code Pénal français, prévoyant des sanctions pour les sévices graves ou actes de cruauté envers les animaux domestiques, apprivoisés ou captifs, s’enrichit désormais d’une application concrète de ces dispositions avec cette nouvelle indemnisation du préjudice animalier. Cela illustre un grand pas en avant dans la reconnaissance de la sensibilité des animaux, souligné par l’article 515-14 du code civil affirmant que « Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité ».
Bien que les animaux soient encore prévus comme des biens meubles dans le code civil, cette décision judiciaire inaugure une nouvelle ère dans la protection juridique des animaux en France.
Une prise de conscience collective
Cette évolution juridique s’inspire des principes appliqués dans le droit de l’environnement, comme lors du procès ERIKA lors de cette catastrophe écologique. Lors de cette décision, une forme de personnalité a été reconnue à l’environnement pour lui octroyer une indemnisation. Bien que l’animal n’ait pas de personnalité juridique dans l’absolu, cette décision alloue néanmoins un préjudice direct à l’animal maltraité, ouvrant la porte à la reconnaissance d’un statut juridique plus significatif pour les animaux.
Cette toute nouvelle décision de justice met en lumière l’importance croissante du droit animal dans les préoccupations juridiques et sociétales, et la nécessité d’une législation adaptée pour répondre à ces enjeux. En évoquant la possibilité de futures réformes législatives qui pourraient offrir une meilleure protection et reconnaissance des animaux comme êtres sensibles, Maître Séverine Dauzon souligne l’espoir d’une évolution continue du droit en faveur des animaux.
Cette avancée dans le droit des animaux, représente un pas significatif vers une justice plus inclusive et empathique envers tous les êtres vivants. Elle encourage aussi une réflexion profonde sur notre responsabilité légale et morale envers les animaux et sur la manière dont nos systèmes juridiques peuvent mieux reconnaître et protéger le bien-être animal.
Plus d’infos :
Assistance aux Animaux : une décision juridique historique du 11 janvier 2024
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