Depuis sa création 1983, le Centre d’Interprétation et de Reconnaissance Acoustique est formé d’analystes, plus connus sous le nom d’Oreilles d’Or. Ces marins sont de véritables experts du son. Depuis Juillet 2011, le Capitaine de Frégate Laurent Binois assure le commandement de cette entité peu connue de la Marine Nationale.
Quelles sont les missions des oreilles d’or ?
Tout d’abord, les tâches des oreilles d’or sont diverses et variées. Un analyste du CIRA est, lorsqu’il est embarqué, le conseiller privilégié du Commandant en matière de détection sous-marine, de classification de bruits et de renseignement acoustique. A terre, il est avant tout analyste traitant, c’est-à-dire qu’il analyse et traite les dossiers recueillis en mer.
Lorsqu’ils prennent le large, les oreilles d’or embarquent à bord de Sous-marins Nucléaires d’Attaques (SNA), de Sous-marins Nucléaires Lanceurs d’Engins (SNLE) ou encore de Frégates Anti-Sous marines. Sur ces bâtiments, de nombreux capteurs et antennes sont placés dans le but de récupérer les sons. Grâce à ces sons enregistrés, les oreilles d’or doivent assurer la discrétion de leur unité et élaborer des plans pour détecter d’éventuelles menaces. (Voir le reportage vidéo ci-dessus).
Archivistes, instructeurs ou encore chargés d’études et/ou d’expertises, tels sont les métiers à terre de ces experts du son.
Le C.I.R.A reçoit un fichier son de la part d’un SNA, d’un SNLE, d’une frégate et même parfois, d’un avion « L’avion jette une bouée acoustique à la mer et grâce aux antennes et capteurs placés sur celle-ci, des sons sont enregistrés.» explique le Commandant Laurent Binois. Une fois le « fichier son » arrivé au CIRA, des analystes écoutent, identifient et classifient les bruits interceptés. Cette collecte de renseignements alimente une base de données, dont s’occupe le Premier Maitre Lionel, arrivé en 2006 « Tous les enregistrements reçus sont classés chronologiquement. » Affirme t-il « Des niveaux de priorités sont établis, ils vont de un à trois. Le premier échelon est traité en priorité. ». Les analystes réceptionnent et traitent environ mille cinq cents sons par an.
Le Centre d’Interprétation et de Reconnaissance Acoustique intègre également une école. Onze instructeurs enseignent chaque année les rudiments du métier d’analyste à environ cent-cinquante élèves. Les formations varient de cinq semaines (classificateur) à quarante semaines (finesse d’expertise).
Comment analyser un son ?
Chaque Bâtiment (SNA, SNLE, Frégate) possède de nombreuses antennes très sensibles qui détectent le moindre bruit (animaux marins, tremblements de terre, moteur et bruits d’hélices…). Les « opérateurs sonars »ainsi alertés vont recourir aux services des Oreilles d’or pour analyser les signaux sonores. En plus de l’analyse audio phonique, les analystes sont aidés dans leur identification par « l’analyse spectrale » du son, sorte d’empreinte digitale qui permet de représenter le son sous forme d’images.
Tout au long de sa carrière, une Oreille d’or doit continuellement s’entrainer. Chaque jour, il doit s’imprégner de sons nouveaux et ainsi entretenir sa mémoire auditive.
Le Centre d’Interprétation et de Reconnaissance Acoustique fête cette année ses trente ans. Trois décennies d’expertise, d’analyse. Grâce aux progrès technologiques et à la compétence de ses analystes, le CIRA ne cesse, et ne cessera d’évoluer au fil des années …
Reportage: Patrick Issartier/Charlotte Zuber – Montage Valérie le Parc – Sources : Info83.com et Marine nationale