Un varois met au point un échiquier innovant au service des aveugles et malvoyants
En France, on compte 207 000 personnes aveugles et 1,5 millions de personnes malvoyantes. Comme la plupart de ceux atteint d’un handicap, ils sont souvent stigmatisés et mis à part de la société. C’est dans donc dans un objectif d’assimilation que le toulonnais Jean-Luc Gamba, passionné par les jeux d’échecs depuis enfant, s’est lancé dans la conception d’échiquiers innovants. Ceux-ci sont censés permettre aux aveugles et aux déficients visuels de jouer aux échecs dans les conditions optimales, et donc de pouvoir s’intégrer à la grande famille des adeptes de ce jeu de plateau.
Afin que nous puissions mieux comprendre ce projet, et de pouvoir en expliquer l’histoire, Jean-Luc Gamba a été invité sur la Web TV d’Info83 pour un entretien exclusif. Genèse du projet, partenaires, commercialisation ou encore l’empreinte toulonnaise, il est intervenu sur plusieurs points concernant son invention.
Jeu d’échecs pour aveugles et malvoyants : Un concept né d’un besoin
En 2017, Jean-Luc déposait le brevet d’un dispositif permettant aux tissus de devenir récepteurs aux aimants. Il s’en est servi pour la création d’un échiquier enroulable. C’est à cette période qu’il est démarché par une délégation de joueurs d’échecs aveugles pour qu’il innove sur leurs échiquiers. Après avoir étudié le matériel existant, il s’est rendu compte qu’il n’avait profité d’aucune évolution depuis 40. Touché par cette révélation, il s’est lancé dans le projet. En effet, Jean-Luc avait apprit à jouer aux échecs à l’âge de 10 ans grâce à un grand-père aveugle. C’est ce passé qui explique le fait qu’il soit particulièrement sensible à cette cause.
Il créé alors un groupe de recherche composé de joueurs aveugles et malvoyants pour l’assister dans la création d’un échiquier adapté à leurs besoins. Le matériau retenu pour ses échiquiers est le Plexiglass, mais il doit utiliser la découpe laser pour le modeler. C’est pourquoi il rejoint le FabLab de Toulon en 2018. Un an plus tard, le premier exemplaire expérimental pour malvoyants est présenté aux championnats de France jeune, à Hyères.
De l’individuel au collectif
En 2022, Jean-Luc finalise la version « beta » de son échiquier pour malvoyant et l’envoie à Théo Ambrosino. Ce jeune joueur malvoyant va faire d’énormes progrès et décroche le titre de vice-champion de France dans sa catégorie.
Il attire alors le regard de Stéphane Vera, Directeur des recherches au sein de l’Institut Supérieur de l’Électronique et du Numérique (ISEN) de Toulon. Ce dernier propose à Jean-Luc de rejoindre un bureau d’étude composé de 9 étudiants de dernière année. Le but : développer un échiquier spécialement destiné aux non-voyants. Le projet qui était à l’origine individuel s’est donc transformé en un bureau d’étude collectif avec la participation de l’école d’ingénieur ISEN. Il faut aussi ajouter le soutien de TVT, la maison du numérique et de l’innovation à Toulon, qui se charge de la communication du projet.
C’est grâce à l’action coordonnée de ces différents acteurs que le bureau d’étude a pu concevoir, en 2023, une version améliorée avec commande vocale. Grâce à cette nouvelle fonction, Jean-Luc espère pouvoir inclure l’apprentissage des règles des échecs à ses plateaux innovants. Par la suite, courant 2024, il espère pouvoir y apporter d’autres fonctionnalités :
- Géolocalisation tactile des cases
- Identification des pièces et de leur position
- Enregistreur de partie
- Bluetooth
« Imaginez un monde où le jeu d’échecs, symbole universel de stratégie et d’intelligence, devient une porte ouverte à l’inclusion pour tous, y compris les personnes en situation de handicap visuel » Jean-Luc Gamba.
L’esthétisme pour combattre la stigmatisation
Lorsqu’il assistait aux parties incluant un joueur aveugle ou malvoyant, Jean-Luc était frappé par ce sentiment de pitié que dégageaient les autres spectateurs en regardant la partie. C’est pourquoi, en plus de l’aspect technologique, il s’est penché sur le moyen d’améliorer le design des échiquiers pour aveugles. C’était une façon, pour lui, de déstigmatiser l’apparence des échiquier à destination des non voyants. Ainsi, avec les conseils de son groupe de recherche, il a opté pour un échiquier au design moderne. Désormais, il n’est pas rare que le public soit attiré par l’esthétisme des prototypes des joueurs non voyants, et qu’il reste assister à la partie comme ils le feraient pour le reste des joueurs.
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